Collex-Bossy

Menu
La campagne aux portes de Genève

La commune en bref

Au 31 décembre 2019, Collex-Bossy compte 1649 habitants. Sa superficie est de 689 hectares, se situant entre 436 et 465 m d'altitude. 

Plus de 400 hectares de terres agricoles produisent des céréales, du vin, des fruits ou sont laissées en prairie; 186 autres hectares sont des forêts appartenant en majeure partie à l'Etat de Genève.

L'agriculture et la viticulture, pour l'essentiel, ainsi que l'artisanat et les activités indépendantes, constituent le tissu économique de Collex-Bossy.

Proche de l'aéroport de Genève-Cointrin, mais située hors de ses zones de nuisance, la commune de Collex-Bossy constitue, sur la rive droite du lac, un "poumon de verdure" pour l'agglomération urbaine de Genève. 

Regard sur l'histoire

Ancienne commune française, issue après la Révolution de la baronie de la Bastie-Beauregard, Collex devint genevoise et suisse le 20 novembre 1815 en application du traité de Paris. Elle comprenait alors les territoires de Bellevue et de Collex-Bossy.

Suite à des rivalités socio-économiques et religieuses, la division en deux communes indépendantes, Bellevue d'une part et Collex-Bossy de l'autre, intervint le 15 juin 1855.

D'agricole et viticole par le passé, Collex-Bossy évolue vers une vocation résidentielle.

___________________________________________________________________________________________________________________

1855 : Collex-Bossy et Bellevue deviennent deux communes

 

Au lendemain de la Révolution française, en 1790, l’ancienne seigneurie et baronnie de Bastie-Beauregard devient la commune de Collex-Bossy. Son territoire s’étendait de Bossy jusqu’au lac. Depuis le Moyen Âge, cette seigneurie était inféodée     aux familles Compey, Champion, de Crose, de Gilliers et de Vasserot qui en avaient les droits honorifiques et les juridictions. La commune est devenue suisse et genevoise en 1816 et fut séparée en deux unités le 13 juin 1855 par décision du Conseil d’Etat et du Grand Conseil genevois.

Son territoire était un lien indispensable pour la formation du canton de Genève entre la ville et la Suisse. Son bord du lac, encore très peu habité, fut rapidement classé terrain favorable pour la construction de belles maisons de campagne des familles fortunées de la ville. Le Conseil d’Etat de Genève confia la charge de maire de Collex-Bossy à une de ces familles, les Saladin, qui exerçaient cette charge de père en fils jusqu’en 1847. A cette date, un changement important politique portait au pouvoir James Fazy qui réussit à introduire le suffrage général, c’est-à-dire le droit de vote pour tous les citoyens. Auparavant on avait opté à Genève pour le vote censitaire, lié à la fortune des citoyens et qui désavantageait beaucoup d’habitants, à la ville comme à la campagne. Fazy mit fin aussi à la nomination des maires par le Conseil d’Etat, ce qui permettait aux citoyens d’élire le maire de leur commune eux-mêmes. A Collex-Bossy on élit Marc Maréchal à cette charge, un homme très avisé et paysan, ce que les bourgeois genevois installés à Bellevue avaient de la peine à accepter. Ce fait était à l’origine d’une pétition adressée en 1852 au Conseil d’Etat par 51 (ou 45) signatures sur les 299 habitants du hameau de Bellevue. Elle demandait la séparation de ce territoire de la commune-mère de Collex-Bossy. Les raisons invoquées étaient que la mairie et l’école de Collex étaient très éloignées, que le maire de Collex n’arrivait pas à bien gouverner Bellevue à distance, que ceux de Bellevue allaient au temple de Genthod et non pas à l’église de Collex. L’argument de la différence sociale des gens de Bellevue portait à la conclusion qu’en somme, il n’y avait rien de commun entre les deux populations. Aussi, le maire Maréchal et son conseil donnaient-ils une longe réponse peinée à cette pétition. Avec « surprise » et « douleur » ils déplorent le peu de confiance qu’ont les habitants de Bellevue en leurs autorités, ils contestent les chiffres des habitants et des confessions invoqués, puisque des personnes qui n’habitent pas le bord du lac ont signé la pétition et que 137 résidents du hameau sont catholiques. Ils relèvent que tant que le maire avait habité Bellevue, personne ne s’était plaint à Collex et à Bossy de la distance et de la capacité de gouverner. Cette première pétition déposée en 1852, adressée au Conseil d’Etat dont James Fazy était le président, n’eut pas de réponse. Mais de nouvelles élections, en 1853, mirent en place un gouvernement conservateur, proche des familles installées à Bellevue. Une deuxième pétition signée par 67 personnes ( avec beaucoup de signatures de non-habitants) et soutenue par les anciens maires Saladin lui fut adressée, sans que ni la mairie ni le conseil soient informés du contenu de la requête. Le 29 mai le maire Maréchal en informe le conseil. Au même moment, le Conseil d’Etat avait déjà approuvé la pétition et avait préparé le projet de loi de la séparation. Il le transféra au Grand-Conseil qui décréta la séparation le 13 juin 1855, avec entrée en vigueur au 1er juillet de la même année. Le général Guillaume Henri Dufour était parmi ceux qui avaient voté en faveur de cette décision.

Sur place, la famille Eggly avait défendu avec ardeur la séparation. Ils s’étaient installés au Vengeron vers le milieu du 18e siècle et y avaient fondé une tuilerie. Gaspard Eggly était du reste adjoint de Marc Maréchal et représentait Bellevue à la mairie, comme François Bétems qui était au conseil. Ils s’opposaient souvent aux décisions de la majorité du conseil, surtout quand celui-ci avait approuvé un crédit pour la construction d’une nouvelle église à Collex. Simon Eggly, le fils de Gaspard, a été le premier maire de la nouvelle commune. Une plaque commémorative le rappelle sur la place centrale du village.

La commune de Collex-Bossy reçut le décret comme une humiliation.  Elle perdait aussi la possibilité de puiser du gravier dans le lac pour l’entretien de ses routes, ce qui constituait une grande charge pour son budget. Un siècle plus tard, les historiens qui relatent cette histoire, comme l’abbé Charles Jorand et Edmond Gaillard pour Collex ou Guillaume Fatio pour Bellevue, affirment qu’il n’y a plus de « rancueur » ni  d « ’acrimonie » parmi les deux communes. C’est reconnaître qu’il y en avait eu !  Mais en 2005, lorsque Bellevue a fêté ses 150 ans d’existence, le maire de Collex-Bossy, Alex Pfeiffer, a refusé l’invitation en s’excusant par ces mots : » On ne fête pas une défaite. »

Notre sensibilité politique actuelle peut s’étonner de la rapidité de la décision de 1855, du peu de cas fait des protestations du maire et de la majorité du conseil municipal et du parti-pris des arguments allégués en faveur de la séparation. La volonté des communes avait peu de poids par rapport aux autorités cantonales. On doit aussi tenir compte qu’un esprit de renouveau et d’innovation régnait à Genève en ces années. En 1849 le Grand Conseil avait décidé de raser les imposantes fortifications qui enserraient la ville et libéraient de vastes terrains, aussi grands que celui de la ville elle-même. Cet esprit a pu instiguer l’idée que le petit territoire de Bellevue s’inscrivait dans l’élan du temps.

La séparation de notre commune en deux nous fait mieux comprendre l’importance qu’avait la question confessionnelle au 19e siècle où la mentalité ne voyait rien de commun entre les protestants et les catholiques. Nous mesurons aussi le complexe de supériorité sociale des citadins sur les habitants des campagnes et l’importance des liens familiaux qui soutenaient les pouvoirs politiques.                                          

 Anita Nebel, septembre 2025